Notre Rémiii national ayant passé la frontière franco-belge pour se rendre à Dour où une affiche dense l'attendait, c'est Bibi qui a posé ses deux pieds et quatre roues le temps d'une journée à Landresse, petite bourgade doubiste paisible, pour le festival La Guerre du Son.
Couvert par le webzine depuis 2008, on ne vous le présente plus. Ah si ? Alors dans ce cas : se déroulant en Franche Comté sur deux jours, La Guerre du Son fait partie de ces concerts ruraux du coin qui ont lieu au milieu de nulle part, à l'instar des Moulin de Brainans et compagnie.
Nous sommes donc le vendredi 16 juillet 2010, en milieu d'après-midi. La chaleur est pesante et je suis seul dans ma voiture avec mon sac à dos, mais c'est sans compter mon bon sens de l'orientation, malheureusement annihilé lorsqu'un volant se trouve entre mes mains. En dépit de Google Map et d'un Post It sur le pare soleil, c'est en toute beauté que je me trompe de chemin à peine sur les routes. M'étant malgré moi égaré, nous arrivâmes ma Peugeot et moi dans une zone dangereuse, un endroit isolé (petit hommage au passage au grand Serge. Non, pas Lama) : les quelques routes de montagne doubistes, sinueuses et pleines de gravillons. Arrivé sain et sauf à destination, là où d'un champ à l'autre le bétail cohabite avec les caissons de basse, je reçois mon pass et surtout un accueil chaleureux de la part de Liz des relations presse qui s'improvisera guide le temps d'un petit tour du proprio. La petite aiguille de l'horloge avoisinait le 4 tandis que je me préparais pour une interview express avec Nada Surf, initialement programmée de 16h00 à 16h10. Or, recroquevillés dans leur bus, ce n'est qu'à 16h45 que le chanteur et guitariste Matthew Caws montrera le bout de son nez à l'espace presse. L'interview durera finalement 35 minutes ; ça valait le coup d'attendre. Un moment de parlotte avec le bassiste dreadé Daniel Lorca, du repos sur l'herbe avec vue sur la scène (debout depuis 3h30 ce jour-là), puis un sandwich et une bière plus tard, les concerts approchèrent à grand pas. Au programme : Madjive, Black Bomb A, Nada Surf et MXD.
Madjive - La Guerre du Son 2010
Commençons par le commencement : Madjive (prononcez le i à l'anglaise) arrive sur scène pour ouvrir le bal. Les lauréats du tremplin 2010 de La Guerre du Son auquel étaient également présents Nadamas, Steno P, Suicide Levitation et The Barbers nous pondent un set rock bien énergique et plaisant, j'accroche immédiatement. Le groupe est communiquant, et plutôt déconneur notamment en interview comme j'ai pu en être témoin. Je rappellerai que les joyeux lurons sont issus de divers groupes locaux qui valent leur pesant de peanuts (Groovy Baby Funky Boost, Lead Orphans, Texas Mongols), ce qui explique en partie leur bonne performance scénique. Malheureusement, comme pour la plupart des festivals, le premier groupe souffre du manque de public. Malgré les quelques jeunes rebelles se bousculant gentiment devant la fosse, le public était un peu limité quantitativement en début de soirée, mais a répondu présent par la suite.
A peine les Bisontins sortis de scène, le speaker du Ring'o Star appelle le public à rejoindre la petite scène du même nom. Déjà mis en place en 2009, son principe est simple : une petite scène disponible au public pour un jam d'environ deux minutes par personne pendant les changements de set sur la grande scène. Ce fut l'occasion de voir de jeunes musiciens, un mec bourré au micro, des gratteux qui jouent leur truc sans vraiment s'occuper des autres, et des morceaux incontournables/inévitables (rayer la mention inutile) du genre "Smells like teen spirit". Tout cela se déroule dans une ambiance bon enfant et on ne peut qu'encourager ce genre d'initiative. Pendant l'un de ces jams, Hervé, batteur de Black Bomb A mais également de Loudblast, vient visiblement tester à nouveau la prise son de son instrument, laissant présager l'arrivée imminente du quintet parisien.
Black Bomb A - La Guerre du Son 2010
Venu promouvoir son album From Chaos sorti en 2009 avec le duo de chanteurs originel composé de Poun et Djag (reformé depuis 2007), Black Bomb A a sorti un set net et sans bavure. Je ne suis ni un fin connaisseur de leurs oeuvres, ni un fan de hardcore. Pour tout vous dire, j'aime la musique mais pas vraiment le chant screamo. Toutefois, comme le reste du public acquis à la cause, j'ai également bien apprécié la prestation carrée des protagonistes et l'énergie inépuisable qu'ils ont diffusé tout au long du show. Le groupe a mêlé les morceaux d'époques différentes, ainsi a-t-on pu entendre quelques anciennes comme "Born to die" ou des récurrentes comme "Mary", chantée comme à l'accoutumée par le public. Le corps vibrant jusqu'au bout des bras aux kicks d'Hervé, boostés par un réglage du son riche en basses atteignant des sensations sismiques sur les quelques phases mitraillantes de double pédale de grosse caisse (d'ailleurs, est-ce que comme moi, quand vous êtes à un concert, vous croyez toujours que votre téléphone est en train de vibrer ?), j'ai un peu saturé sur les derniers morceaux n'étant pas un grand amateur du genre. Mais le résultat reste le même : Black Bomb A a assuré le spectacle et fourni la meilleure performance mais aussi la meilleure ambiance de cette soirée.
Daniel Lorca - Nada Surf (La Guerre du Son, 2010)
Les coreux laissent derrière eux un public en trans' qui aura eu le temps de sécher pendant la performance des popeux de Nada Surf. Quoique, bien que l'ambiance soit naturellement beaucoup moins énervée, les quelques éméchés y vont de leur bousculades et simulations de lynchage au sol (auxquels Daniel Lorca m'a avoué y avoir cru et faillit arrêter de jouer) lors des quelques passages rythmés du trio new yorkais. Devrais-je plutôt dire quatuor puisque le groupe joue de moins en moins à trois. En effet, nous pouvions retrouver lors de cette tournée le talentueux Martin Wenk, trompettiste de Calexico, qui assurait donc la trompette mais aussi la guitare et le synthé aux côtés des Nada Surf, prodiguant un très bon complément musical au trio. J'ai perçu un ou deux ratés à la guitare de la part de Matthew Caws, qui s'est également mélangé les pinceaux une ou deux fois dans les paroles [mode fan intransigeant terminé], mais sans grande influence sur la qualité du concert. La setlist fut majoritairement composée de chansons de l'album Let go, mais aussi de quatre reprises issues de leur dernier album If I had a hi-fi. Fait assez surprenant si on considère le fait que Nada Surf était la tête d'affiche de ce festival : le groupe fut contraint de réduire son rappel de quatre à trois chansons. La victime de ce changement de dernière minute se nomme "Do it again", à mon grand regret. Un jet de basse à la fin de "Blankest year" pour achever le concert et voilà les américains hors de scène. De retour vers l'espace presse pour me reposer les jambes avant MXD, Daniel Lorca et moi-même nous relançons dans quelques petites conversations avant d'être rejoins par Matthew. Puis le temps de congratuler Martin Wenk qui passait par là, me revoici reparti en direction de la scène pour le trio suisse qui clôture la soirée.
MXD - La Guerre du Son 2010
L'électro-métal de MXD se présente comme le style idéal de fin de soirée : musique d'état second, très riche en basse. Trop riche en basse. À tel point que la guitare faisait limite dans la figuration. Ayant plutôt aimé les quelques chansons en écoute sur leurs pages web, je m'attendais à beaucoup mieux sur scène. Mon impression se résume à un brouhaha de basse sans réelle mélodie sur lequel la voix vient poser des harmonies peu appropriées. Certes, la fatigue de l'ouvrier d'été scolaire de matinée se faisait de plus en plus envahissante, mais le ressenti aurait sans doute été le même dans d'autres circonstances.Debout depuis presque 24 heures, je sèche finalement les derniers morceaux, mais repars avec une très belle impression de La Guerre du Son et la tête pleine de bons souvenirs.
On notera la présence d'Izaac Mbenbe, musicien et danseur originaire du Cameroun qui proposait tout au long du festival une initiation aux percussions et à la danse africaine. Également présents, les graffeurs du collectif belfortain Les Travailleurs de l'Ombre, déjà présents au festival en 2007.
Le deuxième jour, La Guerre du Son accueillait Tennisoap, Sebastian Sturm, Headcharger, Shaka Ponk et AqME. Si vous y étiez, n'hésitez pas à donner votre ressenti !
Setlist Nada Surf : Weightless / Whose authority / Happy kid / Inside of love / Killian's red / What is your secret / 80 windows / Fruit fly / Love goes on/ Enjoy the silence / Electrocution / The way your wear your head / Blonde on blonde / Love and anger / Hi-speed soul / See these bones ///// Popular / Always love / Blankest year
Tous mes remerciements à Liz et toute la chouette équipe d'organisation pour l'accueil chaleureux et la disponibilité, Rémiii et Ted pour le coup de pouce, Daniel et Matthew de Nada Surf pour leur disponibilité, les petites histoires et anecdotes partagées, et Fab, mon fournisseur officiel, pour l'appareil photo avec lequel je fais des photos du tonnerre que même Yann Arthus-Bertrand m'envierait.
Un petit salut à Yoann de SODA et Matthieu le rocker qui ne s'est pas mouillé ;)
Photos : Koudzy
Re: Nada Surf, La Guerre Du Son, Black Bomb A / La Guerre du Son 2010
Terrier : Là-bas.
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Qui veut de moi et des miettes de mon hublot ?
Rémiii