Nada Surf - The stars are indifferent to astronomy "Nous nommons les choses mais les choses que nous nommons ne connaissent pas leurs noms ; les chiens ne savent pas qu'ils sont des chiens, les électrons ne savent pas qu'ils sont des électrons, la lune ne sait pas qu'elle est la lune. J'ai constaté qu'une manière rapide de résumer ce détachement entre le monde naturel et l'activité humaine de la science est de dire que "les étoiles sont indifférentes à l'astronomie". Rien n'aurait pu me faire plus plaisir que de voir Nada Surf adopter ce slogan pour leur nouvel album."

Ces quelques mots pour introduire cette chronique sont de Peter Caws, professeur de philosophie et père du guitariste et chanteur Matthew Caws, qui se dit fier d'être associé à ce nouvel album. Après s'être changé les idées avec l'album de reprises If I had a hi-fi, Matt, Daniel Lorca et Ira Elliot reviennent à la pure composition. Dix chansons écrites, dix enregistrées et un passage en studio à New York bouclé en quelques jours : on ne perd pas de temps chez Nada Surf. Au bout d'une petite dizaine d'écoutes nécessaires pour inhiber tout sentiment de linéarité, on ressort séduit par ce que contient The stars are indifferent to astronomy, un album sans véritables faiblesses qui ravira les amateurs. Les New Yorkais nous ramènent même à la fin des années 90 le temps des premières secondes de l'album avec les premières notes de "Clear eye clouded mind" qui sonnent étonnamment rock. Le sentiment s'arrêtera cependant à cette chanson puisque l'on retrouve ensuite un Nada Surf fidèle à son registre, avec toutefois quelques changements positifs.

Le premier point fort de cet album est probablement l'apport de Doug Gillard en guitariste soliste. L'homme aux multiples projets a reçu carte blanche pour composer et enregistrer ses propres parties de guitares jouées en live. Il faut dire que Gillard n'est pas étranger au groupe puisqu'il est régulièrement sur scène avec eux depuis 2010. Le résultat de l'association est on ne peut plus réussi puisque les pistes de guitares entremêlées forment une alchimie au point. On retrouve du coup quelques soli brefs (à l'exception de celui de presque une minute dans "When I was young") qui donnent plus de relief aux morceaux concernés. Même constat pour Martin Wenk, multi-instrumentiste membre de Calexico, qui lui aussi accompagne le trio en tournée. En effet, à l'instar de Gillard, il a reçu carte blanche au clavier, à la trompette et au xylophone pour enrichir les mélodies de ses compositions. Le résultat est notamment appréciable sur "Let the fight do the fighting" et "No snow on the mountain". Parmi le reste des invités figurent, entre autres, Louie Lino, ami du groupe et Chris Saw, co-producteur de cet album.

L'autre changement positif, plus subjectif, concerne le tempo général plus rapide, cassant la tendance récente surtout ressentie dans l'album Lucky. C'est un point sur lequel le groupe voulait mettre l'accent, comme le sous-entendait Matthew Caws dans son interview pour le W-fenec (cf. Rencontre avec Matthew Caws (juillet 2010)). Alors certes Nada Surf ne surprend pas, ce qui n'a rien d'exceptionnel quand on connait ce groupe, mais il rassure par sa constance et par la qualité indéniable de ce sixième LP. Si on veut chipoter, on dira que "Let the fight do the fighting", sans toutefois sembler inachevée, aurait peut-être mérité une conclusion plus longue et planante qui aurait parfaitement collé à son ambiance paisible, à la manière de "Paper boats" sur Let go.

Pour résumer, The stars are indifferent to astronomy n'est pas complètement l'album d'un trio. Sa richesse s'en retrouve naturellement accrue. Pour le reste, c'est à leur image : bon, humble et agréable.